EXTRAITS
Année 2028
LÉO. Il faut à un moment donné – je veux dire stop, stop ça suffit on arrête, juste on arrête les – les – les. À un moment donné – faut lâcher, non ? Tout lâcher, juste – . La solution qu’a évoquée Wilfried à la dernière assemblée, le suicide collectif, voilà c’est tout, c’est le plus efficace si on veut -
WILFRIED, rassurant. Léo, attends, c’est pas tout à fait ce que j’ai dit.
LÉO. Si on va au bout de la logique du compost qu’on s’est fixée ensemble, si l’idée c’est de réduire vraiment notre empreinte écologique, alors -
OPÉRA. Wilfried a parlé à la dernière réunion d’une réduction volontaire de population, pas d’un suicide généralisé. Et de toute façon, c’est pas développement durable. On ne peut pas se tuer, et ne pas réfléchir à la suite. À ce qui se passera même avec nos corps.
LÉO. Ça se composte un corps Opéra. On pourra faire pousser des forêts entières avec tous les corps de la communauté, ce sera un patrimoine protégé. Le patrimoine de la communauté du compost. Il y aura des pins, des baobabs, des érables, j’en sais rien, des palmiers sur des centaines de kilomètres qui survivent aux 50 degrés, et nous - toi Opéra, toi Wilfried, moi, on sera la forêt. Il y aura de nouveaux rituels pour -
OPÉRA. Je me suis renseignée. On n’est pas compostables. C’est fini. On est plein de plastique, d’antibiotiques. C’est d’ailleurs un problème pour les cimetières actuellement, qui se remplissent, mais qui ne se vident pas.
LÉO. Il faut à un moment donné – je veux dire stop, stop ça suffit on arrête, juste on arrête les – les – les. À un moment donné – faut lâcher, non ? Tout lâcher, juste – . La solution qu’a évoquée Wilfried à la dernière assemblée, le suicide collectif, voilà c’est tout, c’est le plus efficace si on veut -
WILFRIED, rassurant. Léo, attends, c’est pas tout à fait ce que j’ai dit.
LÉO. Si on va au bout de la logique du compost qu’on s’est fixée ensemble, si l’idée c’est de réduire vraiment notre empreinte écologique, alors -
OPÉRA. Wilfried a parlé à la dernière réunion d’une réduction volontaire de population, pas d’un suicide généralisé. Et de toute façon, c’est pas développement durable. On ne peut pas se tuer, et ne pas réfléchir à la suite. À ce qui se passera même avec nos corps.
LÉO. Ça se composte un corps Opéra. On pourra faire pousser des forêts entières avec tous les corps de la communauté, ce sera un patrimoine protégé. Le patrimoine de la communauté du compost. Il y aura des pins, des baobabs, des érables, j’en sais rien, des palmiers sur des centaines de kilomètres qui survivent aux 50 degrés, et nous - toi Opéra, toi Wilfried, moi, on sera la forêt. Il y aura de nouveaux rituels pour -
OPÉRA. Je me suis renseignée. On n’est pas compostables. C’est fini. On est plein de plastique, d’antibiotiques. C’est d’ailleurs un problème pour les cimetières actuellement, qui se remplissent, mais qui ne se vident pas.
Année 2028
WILFRIED. Il y a beaucoup de lumière.
ARIEL. Ça te dérange ?
WILFRIED mentant. Non. Il désigne la queue de poisson. C'est du... ?
ARIEL. Ah ma -
WILFRIED. Oui -
ARIEL. Du cabillaud. Le poisson pané.
WILFRIED. Le poisson pané ?
ARIEL. Avant les enfants mangeaient ça à la cantine, le vendredi souvent. Ils ont arrêté quand les stocks de cabillaud se sont effondrés, au milieu du XXIe siècle. Maintenant les stocks sont remontés, mais les gens ne mangent plus trop de poisson pané. La culture s'est perdue. C'est peut-être trop gras.
WILFRIED. Je peux toucher ?
ARIEL. Oui. Wilfried s'approche et touche la queue d'Ariel. Tu t'es baigné ?
WILFRIED. Ce matin, oui.
ARIEL. Tu es encore un peu salé.
WILFRIED. C'est agréable ?
ARIEL. Oui. Tu peux mettre de l'eau dessus ?
WILFRIED. De l'eau ?
ARIEL. C'est le stress, ça me sèche.
WILFRIED. Ah oui d'accord. Tu es stressée ?
ARIEL. Non. Enfin, un peu. Il verse de l’eau sur la queue d’Ariel. Vas-y doucement.
WILFRIED. Comme ça ?
ARIEL. Oui. Elle regarde Wilfried avec envie. J’adore les humains non-symb. Ils ont quelque chose – tellement fragiles. (...)
WILFRIED. Il y a beaucoup de lumière.
ARIEL. Ça te dérange ?
WILFRIED mentant. Non. Il désigne la queue de poisson. C'est du... ?
ARIEL. Ah ma -
WILFRIED. Oui -
ARIEL. Du cabillaud. Le poisson pané.
WILFRIED. Le poisson pané ?
ARIEL. Avant les enfants mangeaient ça à la cantine, le vendredi souvent. Ils ont arrêté quand les stocks de cabillaud se sont effondrés, au milieu du XXIe siècle. Maintenant les stocks sont remontés, mais les gens ne mangent plus trop de poisson pané. La culture s'est perdue. C'est peut-être trop gras.
WILFRIED. Je peux toucher ?
ARIEL. Oui. Wilfried s'approche et touche la queue d'Ariel. Tu t'es baigné ?
WILFRIED. Ce matin, oui.
ARIEL. Tu es encore un peu salé.
WILFRIED. C'est agréable ?
ARIEL. Oui. Tu peux mettre de l'eau dessus ?
WILFRIED. De l'eau ?
ARIEL. C'est le stress, ça me sèche.
WILFRIED. Ah oui d'accord. Tu es stressée ?
ARIEL. Non. Enfin, un peu. Il verse de l’eau sur la queue d’Ariel. Vas-y doucement.
WILFRIED. Comme ça ?
ARIEL. Oui. Elle regarde Wilfried avec envie. J’adore les humains non-symb. Ils ont quelque chose – tellement fragiles. (...)